Cathy Boyer, Yoga Iyengar

Témoignage de Hervé Chaussard

 » Ce que je trouve de remarquable dans le yoga est sa notion de placement, il est juste et il met en confiance pour l’exécution de mouvements ; lorsqu’ils sont complexes ou lorsqu’ils demandent une force intense. L’acquisition de ce placement permet d’accéder à une posture qui serait la mise en acte de l’intelligence du corps. Ou je pourrais dire que par le yoga, l’intelligence du corps peut nous faire accéder à cette posture juste.

De nombreuses sensations que je cherche depuis très longtemps, parce-qu’elles m’ont été demandées à travers mon expérience de danseur, m’ont enfin été révélées par la pratique du yoga ; toutes ces choses théoriques et abstraites me deviennent enfin propres à travers cette expérience qui passe par le corps. Ma danse devient différente. J’ai le sentiment d’apercevoir une nouvelle interprétation de ma relation au mouvement. En fonction de la forme exigée par la danse, le corps trouvera par le yoga la posture relative la plus juste.

 L’exigence de mon métier veut que j’accède à de nombreuses formes demandées. Et c’est souvent par la force que j’accède à ces formes, je travaille une certaine aptitude à l’illusion pour donner l’apparence de cette forme. Par le yoga, je n’ai pas l’option de cette illusion qui m’a aidée à de nombreux moments. Je suis face à la vérité de mon corps. J’y vois ses limites et je peux me permettre de travailler sur les endroits où ces limites ont créé certains blocages. Prendre conscience de mes limites me permet d’être ce que je suis avec mon corps et m’évite tout fantasme d’apparence qui gaspille une dynamique inutile. Par cela-même, je peux ainsi creuser, développer mon potentiel physique dans un sens plus réel, moins à travers certains idéaux cérébraux, certaines images.

 Mon corps prend à nouveau possession de lui-même, il reprend les commandes.

Avec cette confiance que le yoga inscrit dans le corps, je peux lui laisser la possibilité de fonctionner d’une façon authentique. Certaines blessures rencontrées dans mon métier m’ont contraint à une certaine réorganisation afin de pouvoir continuer. Un certain conditionnement physique est apparu à cause de certaines douleurs et des informations données par des thérapeutes. Le yoga comporte aussi cette notion de soin. Des exercices bien ciblés permettent l’aération, la détente de certaines zones physiques endommagées par des accidents. Ces exercices dégagent, fluidifient les endroits sinistrés. Ils remontent même à la cause, aux lieux anatomiques précis des pathologies. Le yoga va jusqu’à dépasser les symptômes, il les inclut dans la chaine de causalité et me donne une pleine compréhension du fonctionnement et dysfonctionnement anatomique dans mon expérience chorégraphique. Je peux travailler au-delà du symptomatique.

 Par le yoga, je suis aussi rentré en contact avec cette notion d’information. En effet, j’ai pu percevoir qu’il suffisait d’envoyer une information au corps et que lui-même en faisait son affaire. Jusqu’à présent je croyais qu’il fallait tenir, rester en tension avec cette information. Cela créait une force inutile que je devais garder, ne pas laisser échapper ; une fatigue, une consommation d’énergie superflue, vaine. Les informations anatomiques présentes dans son enseignement sont dynamiques, elles ne sont pas figées. Le cerveau propose, le corps dispose.

 Souplesse et force. Ce sont les deux qualités sur lesquelles il est possible de réellement travailler avec le yoga. Pouvoir tenir sur ses jambes sans avoir la sensation de se transformer en buche à cause du trop de force engagée dans les chorégraphies. Je suis face à une montagne, mais le chemin que je vois se dessiner devant moi est clair.

 Et puis comme dirait Madonna : « Yoga saved my life ». »

 Hervé dirige une compagnie de danse sur Dijon et a fait partie de la Emanuel Gat dance company.